Lundi 7 juin à 16h, LPT, Bâtiment 210
Michel Brune (Laboratoire Kastler Brossel, ENS/Paris 6/CNRS) : Compter les photons sans les détruire : manipulation d’états non classiques du champ dans une cavité
Les photodétecteurs ordinaires comptent facilement les photons, mais en les détruisant. Cette perturbation va bien au-delà de celle qui imposée par la physique quantique à travers le postulat de projection. Nous avons construit un photodétecteur qui compte des photons micro-onde sans les détruire, réalisant ainsi une mesure quantique idéale.
Pour cela, les photons micro-onde sont d’abord piégés pendant une fraction de seconde entre deux miroirs supraconducteurs formant une cavité de très grande finesse. Nous les « observons » ensuite grâce à un jet d^atomes de Rydberg qui traversent la cavité un par un. Chaque atome se comporte comme une petite horloge atomique dont le rythme est affecté par la présence de photons piégés. En mesurant « l’heure » indiquée par chacune de ces horloges, on projette progressivement l^Yétat du champ sur un état à nombre de photon déterminé, sans en avoir absorbé un seul.
On réalise ainsi une mesure quantique projective idéale.
Lorsqu’on applique cette nouvelle façon de « voir » à un petit champ
électromagnétique quasi-classique, l’acquisition d’information sur le
nombre de photons se traduit par un brouillage de la phase du champ. La
première étape de ce brouillage est la préparation, dès la détection du premier atome, d’un état « chat de Schrödinger », un champ qui a « à la fois » deux phases différentes. Ces états sont très sensible à la décohérence qui les transforme rapidement en un mélange statistique classique : un "chat" soit mort soir vif, mais pas les deux à la fois. Nous présenterons la préparation et l’observation de la décohérence de ces états. Cette étude éclaire un aspect fondamental de la théorie quantique de la mesure : le passage du monde quantique au monde classique.